Personne n’a demandé à Spotify, Deezer, Apple Music & co de débouler dans la fosse et de redéfinir la règle du riff. Pourtant, le streaming musical est maintenant le patron dans la chaîne alimentaire musicale, métal compris. Un pet de travers dans les algorithmes, et c’est toute la scène qui éternue. Et non, la légende des métalleux réfractaires à la tech, c’est de l’histoire ancienne – même tes t-shirts décolorés le confirment.
La promesse était belle : “Oublie les maisons de disques, monte toi-même ton projet, balance ton album, la planète t’écoute !” Fast forward 15 ans : tout le monde a uploadé trois albums home studio, personne n’écoute Papy Grind Doom de Corrèze. Les algorithmes, c’est pas les potes du blast beat, faut arrêter le mythe. Les playlists éditoriales ? On rêve tous mais, dans la réalité, c’est souvent la même brochette de groupes “bankable” qui tourne.
C’est le drame : la fameuse question du “Est-ce qu’on peut encore payer l’essence du camion avec les streams ?”. Les chiffres font saigner les yeux :
Au final, on assiste à une accélération des tendances. Ça peut booster la créativité, mais certains dénoncent une uniformisation sonore, une course au “stream friendly” qui aplatit tout sur son passage.
Bonne nouvelle (si, si) : rien n’est gravé dans le marbre, même face à la technosphère. Les groupes le prouvent : le streaming n’est ni une baguette magique, ni l’ennemi absolu. Certains en profitent comme rampe de lancement, d’autres rament ou explosent à côté parce qu’ils maîtrisent le merch, le live, voire le vinyle ultra-limité à 50 exemplaires, acheté par les nerds que nous sommes. On perd du pouvoir, on gagne en exposition… à condition de ne pas juste balancer des MP3 en espérant le miracle.
La scène métal (française surtout) a tout à gagner en mixant old school et tech. Le streaming, si on s’en sert bien — avec un storytelling béton, une DA qui marque, du contact IRL, des lives à l’arrache mais sincères — devient un outil parmi d’autres pour éviter de crever la bouche ouverte au fond du buffet.
Le streaming n’a pas tué le riff, il l’a oublié dans une playlist planquée. Reste à aller le chercher, guitare à la main et bière à la bouche. Amplifions le chaos, mais en gardant les yeux ouverts.