Si dans les années 80 et 90, la France suintait déjà d'ultra-métal avec quelques pionniers (coucou et ), la présence d’un label national vraiment structurant, capable de prendre le contre-pied des majors et de porter des artistes brutaux sur l’échiquier mondial, restait quasi inexistante. Et là, débarquent les labels indés. Leur mission ? Conquérir les oreilles assoiffées de sons lourds et sans compromis.
On ne peut pas parler de labels français sans évoquer un des grands chefs de meute : Season of Mist. Fondé en 1996 par l’ex-membre du groupe Mayhemic Truth, Michael S. Berberian, le label a réussi à imposer ce qu’on pourrait appeler le "French Touch of Extreme Music". Leur crédo ? Pas de frontières. Du black metal au death technique, en passant par des groupes avant-gardistes totalement barrés, Season of Mist a mis la barre très haut.
On va pas se mentir : avant eux, la scène française galérait grave. Exception faite des grosses entités comme Gojira qui ont explosé hors de nos frontières, peu de groupes français avaient une réelle légitimité sur la scène internationale. Les labels français, à commencer par Season of Mist, ont donc retroussé les manches et prouvé que notre sacro-sainte patrie peut produire autre chose que du camembert.
Pour les chiffres, Season of Mist se targue d’avoir signé plus de 500 artistes en 25 ans, avec une politique particulièrement axée sur la diversité sonore. Ils n'ont pas peur de prendre des risques : dans leur catalogue, des formations emblématiques comme Mayhem (oui, les légendes du black norvégien), Rotting Christ, et bien sûr des groupes français comme Eths, Benighted, ou encore Alcest.
Et on parle bien ici d’une approche très française : celle qui consiste à mélanger respect total pour la tradition du genre et un petit grain de folie avant-gardiste. Season of Mist a mis un point d’honneur à défendre cette dualité et ça paie.
Season of Mist et ses homologues représentent une défiance absolue envers les gros majors. En cultivant leur indépendance, ces labels ont misé sur des artistes que personne – ou très peu – n’aurait osé signer. Et leur instinct s'est révélé juste : en misant sur des niches créatives, ils ont permis au métal d’exploser dans des directions passionnantes et inattendues.
Le succès de Season of Mist c’est aussi une question de stratégie. Là où certains labels jouent la sécurité et les compromis, eux fonçaient droit dans le chaos. Leur modèle ? Prioriser la qualité de leurs artistes et ne jamais lésiner sur la distribution, notamment à l’international. De la presse spécialisée aux tournées européennes, Season of Mist a su comprendre que pour exister au milieu des mastodontes anglo-saxons, il fallait mettre les bouchées doubles.
Bien sûr, Season of Mist n’est pas seul dans cette aventure. Parmi les labels iconiques indés français, on peut citer des pépites comme Ladlo Productions (Les Acteurs de l'Ombre), spécialisé dans le black metal, et qui a permis de révéler des monstres tels que Regarde Les Hommes Tomber ou Déluge. Avec une direction artistique ultra-pointue et un amour pour le dark et l’atmosphérique, Ladlo cible une niche... mais quelle niche !
Un peu plus old school, Osmose Productions est un autre poids lourd historique. Fondé en 1991, le label a posé les bases pour des figures cultes du black metal et du death, et c’est un nom que toute personne qui traîne dans la scène connaît forcément.
Ces labels misent sur le talent brut et surtout la passion. Et, soyons honnêtes, sans eux, une flopée de groupes français traînerait encore dans l'obscurité la plus totale.
Même si les labels indés comme Season of Mist brillent, n’oublions pas qu’ils évoluent dans un contexte précaire. Le modèle économique de ces structures repose sur des ventes physiques (quelqu’un a dit vinyles collectors ?), du merch, et des droits d’édition, le tout dans un marché saturé et ultra concurrentiel.
Heureusement, leur authenticité et leur réactivité face à l’évolution du public (streaming, proximité avec les artistes) leur donnent une longueur d’avance. À voir comment tout cela évoluera avec un public de plus en plus segmenté, mais une chose est sûre : ces labels sont indispensables pour la survie et l’évolution du métal. Ils amplifient littéralement le chaos.
Alors la prochaine fois que vous headbanguez sur un riff enragé d’Alcest ou une déferlante de blast beats de Benighted, pensez à Season of Mist. Ces gars-là ne sont pas seulement des passionnés, ils construisent l’avenir du genre.